Le genre Stenops D’Illiger contient des animaux fort curieux, qui, malgré les savantes recherches de plusieurs naturalistes, ne sont qu’imparfaitement connus. Aux observations disséminées dans les ouvrages anatomiques de Cuvier, de Meckel et de Tiedemann, chacun de nous a tâché, il y a quelque temps, de suppléer par des mémoires publiés séparément, qui ont donné lieu à une polémique, dont nous déplorons l’acerbité (a). Certes le meilleur moyen de réparer la faute, que nous avons commise, était de reprendre ensemble le même travail. L’acquisition d’un Loris Kukang mort récemment à la ménagerie de la Société Zoologique d’Amsterdam, nous a mis à même de comparer nos controverses, de les écarter ensuite et d’aller ainsi à la recherche de la vérité. — Nous souhaitons rendre un vrai service à la science, en publiant aujourd’hui nos observations mutuelles, que nous considérons comme une nouvelle édition révue, augmentée et corrigée de nos mémoires précédents. Celui, qui désirerait savoir en quoi ce travail nouveau diffère de ceux que nous avons déjà publiés, aurait à les comparer ensemble. — Mais il vaudra mieux qu’on les oublie, et qu’on se borne au résultat actuel d’une association de deux anatomistes qui, animés du désir d’être utiles, s'estiment heureux d'avoir pu se mettre au-dessus de toute question puérile d’amour-propre blessé. Nous avons disséqué ensemble le Loris Kukang et l’un de nous a en sus disséqué le Loris paresseux et le Loris grêle. — Par conséquent nous avons des observations à donner sur les trois espèces du genre Stenops ou Loris. Par cette nomenclature, on peut déjà voir que nous adoptons les opinions émises par J. VAN DER HOEVEN, sur le nombre des espèces du genre Stenops. Il divise le genre Stenops en deux groupes, dont l’un contiendrait le Loris grêle; tandis que le Loris de Java et le Loris paresseux seraient placés dans le second groupe. Nous ne nions pas, qu’il n’y ait quelque différence dans l’aspect externe, et nous concevons que cette diversité ait pu motiver cette division, mais nous nous flattons que nos observations feront voir, qu’il y a entre ces trois espèces une grande conformité de structure. Cette conformité est tellement prononcée, qu’il nous semble impossible d’en faire deux genres comme GÉOFFROY ST.-HILAIRE l’a voulu, en disant que le Loris paresseux forme le genre Nycticebus, et que le Loris grêle appartient au genre Loris. — Bien certainement il n’y a qu’un seul genre Stenops ou Loris, auquel se rapportent le Loris grêle, le Loris de Java et le Loris paresseux.