L’histoire géologique de Monferrato est marquée par une série de transgressions et de régressions de la mer, qui se manifestent généralement d’une manière très distincte dans la partie orientale de ces collines. Nous avons résumé cette histoire schématiquement dans la fig. 3 1). Dans les règles qui suivent nous décrirons à grands traits le développement de la partie orientale du bassin de Monferrato à partir du Jurassique jusqu’à la fin du Pliocène. Pendant le Jurassique et le Crétacé un grand bassin assez profond (mais certainement pas abyssal) s’étendait des Alpes occidentales (schistes lustrés) jusqu’au SE de Bologna. Ce bassin était entouré de terre ayant peu ou point de relief, de sorte qu’il y avait peu de transport de matériaux terrigènes. Des dépôts argileux se formaient. A la fin du Crétacé une grande régression s’est manifesté (déposition de conglomérats dans les collines occidentales, voir Beets p. 224). Après cette régression le bassin de Monferrato était peu profond et plus ou moins barré. Des argiles bitumineuses et des calcaires marneux se déposaient. Au commencement de l’Eocène supérieur la régression s’est poursuivie: il s’est formé un sédiment de marnes friables alternant avec des couches sableuses, parfois même caillouteuses. A la fin de l’Eocène un plissement s’est manifesté. Les „noyaux” éocènes de Casale et de Brusaschetto se sont formés. L’Oligocène a commencé par une transgression, pendant laquelle il y avait des côtes ou bien des hauts-fonds dans le sud et dans le NE de la région. La quantité de matériel caillouteux amené par les rivières des régions récemment soulevées (Alpes occidentales, Apennins septentrionaux) était grande et a donné naissance aux zones conglomératiques. A la fin du Rupélien le relief des régions soulevées avait beaucoup diminué, de sorte qu’il y avait peu de transport pendant le Chattien („Oligocène supérieur” de Beets). Le bassin chattien était d’ailleurs beaucoup moins étendu que le bassin tongrien-rupélien. Pendant l’Aquitanien la zone côtière (ou le haut-fond) dans le nord du bassin a subsisté, tandis que la ligne des côtes méridionale s’est déplacé plus au nord que pendant le Tongrien-Rupélien. Le matériel transporté était plus gros et plus abondant que pendant le Chattien, de sorte qu’il faut admettre un léger soulèvement des régions entourantes au commencement de l’Aquitanien. Pendant le Langhien le relief de ces régions avait diminué de nouveau. La quantité de matériel transporté dans le bassin était donc assez réduite. Il y avait des circonstances favorables à la formation de dépôts calcaires. La mer s’était retirée plus vers l’ouest, de sorte que toute la partie orientale des collines de Moncalvo-Casale n’était plus submergée. Après le Langhien la grande transgression helvétienne a commencé; le matériel transporté dans le bassin est devenu plus abondant et plus gros. La paléogéographie du bassin s’est changée un peu: à l’ouest de Moncalvo la ligne des côtes (dans ce cas: ligne de profondeur égale) ne s’étendait plus en direction ouest. Pendant le Tortonien et le Messinien les mouvements orogéniques, presque continus pendant tout le Tertiaire, se sont manifestés dans un plissement plus marqué, qui a produit un renversement de relief. Pendant le Messinien la régression, qui avait commencé dès la fin de l’Helvétien a atteint son extension maximale. Des lentilles de gypse se sont formées, les coquilles de formes saumâtres prévalent. Enfin la grande transgression pliocène a submergé le bassin de Monferrato pour la dernière fois. Un faible plissement, suivi par le soulèvement définitif de la région entière au-dessus du niveau de la mer termine l’histoire tertiaire du bassin de Piémonte.